Stranbej, pour les Turcs et les Kurdes, désigne le ménestrel : chanteur et musicien virtuose, il interprète des ballades, des louanges, des chansons d’amour ou d’exil, ou des chants à danser, remplis d’humour et de gaieté. Le trio Stranbej est né en 2016, lorsque Rushen Filiztek et Neshet Kutas, arrivés de Turquie, sont venus rencontrer Mahmut Demir à Montreuil, où ce dernier a créé l’association « Maison du saz » dans une ancienne maison ouvrière. Il y accueille chaque visiteur avec un verre de thé parfumé au clou de girofle, vend et répare toutes sortes d’instruments orientaux, enseigne le jeu du saz et met à disposition un petit studio d’enregistrement. Les compositions du groupe reflètent l’amitié qui a présidé à la rencontre de ses musiciens, et leur ouverture au monde. Sous la houlette de Mahmut Demir, Stranbej chante et joue pour le partage, la joie, et la paix.
Originaire de Diyarbakir, Rushen Filiztek chante dans un style direct et généreux. Sa voix, placée haut afin de porter loin, laisse entendre ici et là ces légers huchements qui sont la marque des bardes kurdes. Son instrument de prédilection est le divan saz, un grand luth à manche long au timbre grave et profond, mais il excelle aussi au baghlama, le luth des bardes anatoliens, et au jumbush, une adaptation locale du banjo fort utilisée dans les musiques populaires de Turquie et du nord de la Syrie.
Neshet Kutas, né à Izmir, maîtrise dans un jeu précis et élégant les nombreux rythmes du Moyen-Orient.
Mahmut Demir, enfin, est originaire de Sivas. Depuis leur rencontre, il est devenu le maître de Rushen et de Neshet. Outre le saz, il joue d’une ancienne vièle d’origine égéenne, le kabak kemaniye. Mahmut chante aussi, et sa voix grave et sonore rappelle celles des ashiks, les troubadours mystiques alévis dont il pratique le répertoire depuis de longues années.